BLACK BOHEMIA
Symphonie concertante pour saxophone, voix et orchestre symphonique.
Commande de l’Orchestre national de Bretagne dans le cadre de son cycle mémoriel consacré aux deux grands conflits mondiaux du XXème siècle, cette œuvre spécialement écrite pour le saxophoniste Branford Marsalis, raconte l’histoire incroyable des Harlem Hellfighters, ces soldats afro-américains intégrés dans l’armée française, et qui sont à l’origine de l’arrivée du jazz en Europe. Black Bohemia rend hommage au Lieutenant James Reese Europe, leader de l’intelligentsia afro- américaine qui revendiquait l’égalité dans une Amérique ségréguée.
Son quartier de Manhattan, avec ses artistes, écrivains, clubs de danse et cabarets s’appelait alors « Black Bohemia ».
En 1916, James Reese Europe est persuadé du rôle émancipateur de la guerre pour sa communauté, et crée un bataillon pour participer à l’effort de guerre, qui sera bientôt intégré dans l’armée française en tant que 369e régiment d’infanterie.
C’est ainsi que James Reese Europe se retrouve lieutenant à la tête de la fanfare régimentaire qui débarque à Brest.
L’héritage culturel et humain que ces combattants noirs-américains ont laissé à la postérité est immense et encore pertinent aujourd’hui. Surnommés « Harlem Hellfighters » pour leur courage dans la bataille, ils ont été l’un des régiments les plus médaillés à la fin de la guerre. Certains d’entre eux ont donné leur vie pour la lutte pour les droits civiques à leur retour aux États-Unis. D’autres encore sont restés en France pour contribuer à la scène musicale du Paris de l’Entre-Deux-Guerres...
Black Bohemia est un concerto pour saxophone divisé en 4 mouvements entrecoupés de narrations et de chants retraçant cette épopée humaine et artistique hors du commun.
“ Par un fervent travail d’érudition sur la vie de Jim Europe, la Black Bohemia et l’épopée des Hellfighters, Saint-James a su renoncer au jazz, sinon pour faire allusion à sa venue prochaine, relire les grandes partitions qui sont attachées aux musiques de l’époque, tantôt les datant, tantôt les actualisant, soulignant leur pittoresque ou le gommant, les truffant de citations trop brèves pour être systématiquement identifiées mais suffisamment claires pour faire vibrer instantanément les cordes sympathiques de la mémoire, y rattachant quelques lectures de lettres et témoignages comme on aurait inclus quelques cartons dans un film muet, l’ensemble de l’œuvre ayant les qualités visuelles d’un grand récit cinématographique ”.
• Franck Bergerot / Jazzmagazine